Get drunk as hell |PV|

(Topic à prendre comme un gros trip de 2 gosses trop nostalgiques.)

Six heures du mat'. Epave Kenzo traversait le parc pour rentrer chez lui. Cheveux gras, barbe de trois jours, tee-shirt trempé d’alcool et de sueur, on pouvait soit le prendre pour un clochard, soit deviner qu’il était bourré et malheureux. Des mois qu’il était malheureux, pour trop de raisons, et que sa vie partait en grosse cacahuète salée.

Pour le moment, il traversait juste le parc et il avait la chair de poule. Dans une main, il avait une bouteille de vodka déjà entamée et il but à la bouteille pour avoir plus chaud. Il en profita pour regarder les étoiles, quand il sentit quelqu’un ou quelque chose percuter son torse. Moins une et il s’étouffait. Il se mit à déglutir en fronçant les sourcils. L’espèce de choc l’avait fait reculer un peu et il luttait pour garder l’équilibre. Quand il rouvrit les yeux, il pensa qu’il aurait put tomber sur 12 621 999 autres personnes, et que c’était pas d’chance de tomber sur… elle.

Nombre de messages : 320 Age : 34 Date d'inscription : 30/01/2007

En tout, et pour tout, Shane devait être à Moscou depuis, quoi ? Deux heures ? Elle venait de rentrer d'Alberta, au Canada. Elle avait failli avoir une aventure avec Sara Quin, mais non. Elle était en concert. Mais bon. Shane voulait retourner ici, mais elle ne savait pas trop pourquoi. Ses racines ? Pas ici. New-York. Peu importe. Sa vie, la principale, la plus grande, c'était en Russie. Ici. Là. Partout. Quelque part. Dans un coin. Au coin de la rue. Sur un centimètre de trottoirs. Nulle part ! Et dans son café, aussi. Shane comptait y retourner, y retravailler. Elle veut revenir, rester. Et l'oublier. En pensant comme une débile qu'il aura bougé...

Mais non. Il est six heures du mat', Shane rentre de l'aéroport pour rejoindre l'appart' d'une amie, en traversant le parc. Il est tard, ou tôt et à cette heure-ci, il n'y a pas un chat. Ou presque. Dawson rentre de quelqu'un ou quelque chose, se fait agresser les narines par une violente odeur d'alcool et de transpiration, relève les yeux et sent son ventre se suicider en se nouant à son paroxysme. Super. Son spectre, enfin, sa hantise, là, devant elle. Shane serre les poings et déglutit, mais sa pomme d'adam est une pute et fait sa rebelle. Les larmes lui montent au bord des yeux, mais elle ne pleure pas. Elle ne pleure plus.

- Kenzo...

Gnagna. On régresse. C'quoi cette Shane là?!

Le choc l'avait fait reculer et Kenzo luttait pour ouvrir les yeux. Ou plutôt pour croire à ce qu'il voyait flou : Shane, la plus grosse erreur et la meilleure chose de sa vie. Il la croyait pourtant partie, il sait plus trop ou, mais loin. De toute façon, il n'est pas en état de réfléchir, et l'alcool qui circule dans ses veines le pousse à croire que la Shane qu'il a en face de lui n'est qu'une hallucination.

Du coup, il reprend une gorgée de vodka alors qu'elle dit son prénom, puis il s'essuie la bouche avec son poignet.

Hey... ! Je croyais que tu t'étais enfuie à l'autre bout du monde.

Il commence fort Kenzo. Après tout, il s'en fout, il peut lui faire le mal qu'il veut si c'est qu'une hallu.

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Kenzo pue l'alcool. Shane respire la surprise. Elle entrouvre la bouche, la renferme en se prenant un relent de vodka dans la gueule puis murmure quelques mots incompréhensibles avant de planter son regard sur le jeune Michalka. Elle pense à May, elle pense à lui. Il est dans un sale état, - dans tous les sens du terme. Et à sa remarque, elle baisse à nouveau les yeux.

Elle hausse les épaules. Son assurance s'est résorbée, alors elle pique la bouteille de Kenzo et le regarde à nouveau. Elle a envie de caresser ses cheveux et sa barbe, de retrouver son regard vif et de sentir son odeur masculine tandis qu'elle plongerait son nez dans son cou... Ses mains se mettent à trembler rien qu'à cette pensée et tout son corps en a des retournées extrêmes. Si bon d'être en vie, si mauvais d'être à lui, encore.

Kenzo n'a rien trouvé à lui redire quand elle a confirmé tout doucement qu'elle s'était enfuie. Son cerveau a juste arrêté de tourner pendant qu'il la regardait, et qu'il se faisait un mal de chien à retracer la dernière soirée qu'ils avaient passé ensemble. Il se rend à peine compte que la jeune femme lui pique sa bouteille, et quand il s'en aperçoit, il est à peine capable de soulever son bras en retard, mécontent en regardant la bouteille dans la main de Shane. Déçu, il va se venger en fouillant longuement dans ses poches pour en sortir un paquet de cigarette. Il en allume une, rempli du plus qu'il peut ses poumons de fumée et plisse les yeux pour comprendre ce que lui demande Shane.

Je rentre chez moi.

Essayer au moins. Et maintenant qu'il vient de la revoir, il serait plus tenter d'aller s'acheter une autre bouteille pour être encore plus désespéré qu'il ne l'est déjà.

Kenzo se rend compte qu'il tangue, qu'il a du mal a choper sa clope, que Shane le fixe, et qu'il la fixe aussi. Il a beau être saoul, il trouve ça atroce et il redoute de se mettre à pleurer. Soupirant et vide d'explications, il recommence à marcher.

Tu peux garder la bouteille.

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Il rentre chez lui. Shane le regarde fumer. Elle a toujours aimé la façon dont il fume. C'est pas useless, c'est 'gnifique. Shane hausse les épaules, se recroqueville légèrement et ne réagit que quand il lui dit qu'elle peut garder la bouteille. L'américaine la termine et la balance autre part, apprécie le bruit de verre se brisant et ferme les yeux, appréciant cette fois la brise froide qui parcoure leurs peaux moites. Puis constate enfin que Kenzo s'est remis à marcher. Elle le rattrape vite fait, les mains enfoncées dans les poches de son sweat.

Elle l'arrête.

Même en entendant sa voix, Kenzo ne s'est pas arrêté pour autant. Dans sa petite tête, il était programmé qu'il parte alors il partait. C'était trop bizarre, et trop dur de la revoir après si longtemps dans le brouillard. Mais Shane l'arrête elle-même et lui dit tout ces mots, qui rentre par les oreilles de Kenzo, rebondissent, attendrissent le jeune homme puis lui rappellent quelque chose. Ces mots là, c'est les siens. C'est ce qu'il lui avait dit au téléphone, quand elle l'avait appelé pour lui signaler son départ. Là encore, il trouve ça atroce, et se dégage maladroitement d'elle, avec sa cigarette entre les doigts.

Tiens ! C'est bizarre que tu me dises ça Shane. Non ? Tu trouves pas ? Moi, je trouve ça bizarre... Parce que je t'ai dit ça mots pour mots avant que tu te casse à l'autre bout du monde, et tu es quand même partie. Alors que tu me dises ça maintenant, c'est bizarre.

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Cela doit faire une année, enfin, presque. Une année depuis qu'ils se sont quittés, qu'elle l'a abandonné, qu'ils ont couché ensemble, et fuck merde ! Shane serre la mâchoire alors que Kenzo lui débite tous ces mots qui lui font atrocement mal. Elle se savait lesbienne, en fait elle s'ignore elle-même. Shane n'a jamais craqué sur un homme, et a eu peur, dès le début, de son attirance pour Kenzo. Elle trouvait ça trop louche, trop lourd, trop dur. Il a fallut qu'elle parte après ça, c'était un crime pour elle, envers elle-même. Et ça, Kenzo ne le comprenait pas.

Ses yeux verts s'accrochent à Kenzo, presque avec désespoir.

Elle se recule à son tour.

Non, Kenzo ne comprenait pas. Il avait toujours eu un coup d'oeil plutôt simpliste sur les choses, et se mettre dans la peau d'une lesbienne lui était impossible, il ne cherchait même pas à comprendre. Pour lui, à l'époque, un simple "restons amis" aurait été plus clair et moins douloureux que tout ce silence et ce départ soudain. D'une manière ou d'une autre, il avait eu besoin de Shane et elle n'était plus là.

Kenzo l'écoute quand même, la tronche déformée d'incompréhension, et sa cigarette écrasée entre ses doigts. Pourtant, au bout d'un moment, il échappe un rire. Quand Shane affirme qu'ils n'étaient pas mariés, il se met à rire parce que, au fond, elle se plante. Ils l'étaient, débilement mais il l'étaient. Et ce sont tout les souvenirs de cette étrange union qui le font rire. Puis il se tait à nouveau quand la jeune femme se recule pour parler une dernière fois. Kenzo perd son sourire, et retrouve sa drôle de tronche.

Va te faire voir.

Il jette son mégot sur le sol, et plonge ses mains dans ses cheveux pour appuyer sur son crâne et espérer sortir de là. En vain. Il rouvre les yeux sur elle.

C'est d'ma faute alors ?!

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Shane serre encore plus les dents quand Kenzo lui dit d'aller se faire voir, et ce fut encore pire quand elle entendit son rire, mais elle mit vaguement ça sur la faute de tout l'alcool qu'il a ingurgité. L'épave qu'il est n'est plus le Kenzo qu'elle a connu, et d'un côté ça la rassure... Et quand il pose cette question, cette stupide question, elle lâche un soupir, la gorge déjà sèche.

Elle le regarde attentivement.

Kenzo en a marre. C'est sans doute qu'un caprice de sale type bourré, mais il en a marre d'être malheureux. Ca le saoule, et ça le blase, surtout que tout ce que lui dit Shane se transforme en charabia dans sa boîte crânienne et sa tête devient un immonde bordel à la con. Ce qui lui fait plutôt mal.

Je...

Kenzo avait bien une phrase à entamer mais il se sent mal d'un coup. Il est bouillant de l'intérieur et glacé à l'extérieur. Un vertige, et une putain de nausée. Il pose une main sur son front, passe à côté de Shane en titubant et va s'accrocher à un arbre pour vomir ses tripes. Il se rend même pas compte qu'il s'est mit à chialer.

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Heartbroken forever - heartbreaker forever. It's not you, it's no one, it's just better. Lentement, la nuque douloureuse, Shane relève ses yeux verts désormais sombres sur Kenzo, qui entame une phrase d'un "Je..." qui ne laisse entrevoir aucun espoir pour l'androgyne. Elle sait qu'elle a déconné, mais ça ne change rien. Le mal est fait. Done is done. La jeune femme s'étonne de la rapidité qu'il a à se diriger vers un arbre pour se vider. Quelle horrible horreur. Shane détourne le regard.
Puis elle se dirige vers lui et pose sa main sur le bas du dos du jeune homme. Se souvient avec nostalgie de leur nuit, puis se reprend vivement.

Bien sûr que ça n'allait pas ! Mais que dire de plus ? Elle aussi, elle s'était vidée les tripes - sans qu'il ne le sache, sans qu'elle s'en rende compte, (c'est comme ses larmes à lui).

You're my guest, you're my lover. And like wars, it's not over. Moins une et son coeur aussi pourrait venir s'écraser au pied de cet arbre. Surtout quand Kenzo sent la main de la jeune femme sur lui. Il sait pas ou, mais il la sent. Shane lui pose ensuite cette question, et il serait prêt à lui répondre mais il dégueule encore. Quand il sent que ça passe, il appui son front contre le tronc de l'arbre et ferme ses yeux humides.

Merde. Putain de merde.

En fait, il vient de se rendre compte que ses joues étaient mouillées. Il crache encore un peu, tremble parce qu'il a froid, et ne bouge pas de l'arbre. Il sent Shane derrière lui et ça le rassure un peu. Sans cette présence il serait surement tombé par terre et il ressemblerait à un vrai looser, plus qu'il ne l'est déjà.

Excuse-moi.

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Shane a toujours sa main posée sur son dos et attend que ça passe, mais ça ne passe pas. Kenzo vomit encore, et c'est terriblement difficile d'entendre ça. Et pourtant, elle en a entendu, des gens vomir ! Mais lui, c'est lui. Elle ne supporte pas l'idée qu'il puisse souffrir, mentalement ou physiquement. Et pourtant, elle l'avait provoqué, cette souffrance en lui, et cette façon de boire excessivement. Enfin, elle se sentait la cause de tout, le centre de la dépression de Kenzo. Elle se sentait comme ça, et c'était vraiment très égocentrique et égoïste. C'est Shane !

Elle passe sa main sur le flanc de Kenzo, remonte sa nuque jusqu'au bras qui servait d'appui sur l'arbre et passe celui-ci autour de ses épaules pour qu'il s'appuie sur elle. Puis commence à marcher, silencieusement, religieusement.

Après l'euphorie, la colère, Kenzo se sent maintenant faible, dans le brouillard. Il se laisse faire, quand Shane l'aide à se redresser et qu'elle lui propose de le raccompagner chez lui. Il se tait un moment, en faisant son possible pour ne pas écraser la jeune femme, pleurnicheur, mais pas encore assez lucide pour avoir totalement honte de son état. Il renifle, décidément, c'est la grande classe, et passe son poignet sur ses yeux pour y voir moins flou.

Shane...

Kenzo la force à s'arrêter et enlève doucement le bras de la jeune femme autour de son coup, quitte à perdre un peu l'équilibre.

Est-ce que- Est-ce que tu crois que j'pourrai dormir chez toi cette nuit ?

Il s'est appliqué pour poser sa question, presque inquiet. C'est bizarre comme question, mais il le sent pas, de rester chez lui tout seul cette nuit, ça lui fout la trouille.

Mon- Je... Soupir. S'il te plait.

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Shane s'arrête, après avoir entendu son prénom prononcé par Kenzo. Elle frissonne et puis elle le regarde. Il a les yeux mouillés et il est dans un sale état. Inquiète, elle l'observe toujours jusqu'à qu'il lui demande... ça. La jeune femme song

e vaguement à son amie, Jessie, qui lui a gentiment de proposer l'appart' jusqu'à ce qu'elle s'en trouve un. Elle sait que ça va la déranger qu'il vienne, mais tant pis. Shane resserre son étreinte sur Kenzo pour qu'ils continuent à marcher et qu'il s'appuie toujours sur elle.

Elle passe sa main libre dans les cheveux humides du garçon, pour le rassurer, tendrement.

-

La réponse de Shane apaise Kenzo, qui ferme les yeux un court moment, soulagé. Il se laisse à nouveau guider par la jeune femme, sans rien dire, concentré sur ses pas, et de plus en plus dégoûté par lui-même.

Rapidement, et sans que Kenzo ne s'en rende compte, les voilà déjà arrivés sur le pas de la porte de l'appartement. Pour que Shane puisse ouvrir la porte, il s'est appuyé contre le mur et continue de se concentrer pour ne pas tomber ou vomir à nouveau. D'une main, il tire un peu son tee-shirt pour y jeter un coup d'oeil et constate les dégâts.

Merde...

Ses yeux mi-clos voyagent ensuite sur Shane qui ouvre la porte, puis sur la porte elle-même, qui ne lui rappelle rien, et ça lui fait froncer les sourcils.

T'as changé d'appartement ?

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Une dizaine de minutes plus tard, Shane trouvait l'appartement de Jessie sans problème. Clés en main, elle commençait à ouvrir la porte et à relever les yeux sur Kenzo qui lui posait justement une question là-dessus. La jeune femme entrouvre la bouche, s'arrête un peu parce qu'il est beau puis enclenche une réponse :

Elle n'aurait pas vraiment dû répondre ça. Espérant qu'il ne se stoppe pas là-dessus, Shane le laisse entrer en premier et emboîte le pas en ajoutant, comme pour effacer les traces de la précédente réponse par une réplique plus neutre et répondante :

C'que c'est moche un homme saoul. Même pas bourré, juste saoul. Ca veut à tout prix réfléchir alors que c'est même pas capable d'ouvrir grand les yeux. La preuve, Kenzo médite sur la réponse de Shane sans rien avoir à dire, alors que si elle lui avait dit ça tout à l'heure dans le parc, il se serait mit dans un sacré état. Ici, il ne lui vient qu'une réponse naïve et détachée, alors qu'il se frotte un oeil.

Je l'aimai bien, moi.

Tandis que la jeune femme lui explique la situation, Kenzo entre dans l'appartement, en faisant donc le moins de bruit possible. Il s'applique tellement que c'en est drôle à voir. Il est presque en transe à force de se concentrer. Puis il chuchote, très, très, très doucement.

Ok, ok... est-ce que si j'fais attention j'pourrai juste... squatter la salle de bain pour... tu vois... pas longtemps hein.

Il mime bizarrement quelque chose au niveau de ses joues. Il veut en fait juste se débarbouiller pour arrêter d'empester le vomit.

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Shane eut un sourire, mi-amusé mi-amer.

Puis les deux gens entrent dans l'endroit où y'a les poubelles, l'appart' du concierge, un ascenseur et des escaliers, plein d'escaliers. Elle les regarde avant dédain, ironie puis dépit, alors que Kenzo murmure des trucs qu'elle capte avec difficulté tant il parle doucement. Elle se contente de répondre rapidement un oui, avant d'appuyer sur le bouton de l'ascenseur.
Celui-ci arrive dans les secondes suivantes. Silence. Elle l'aide à entrer dedans, et elle le regarde, et il sent encore le vomi mais Shane n'en a rien à foutre, elle ne sent rien, elle ressent juste sa présence qui l'avait toujours rassuré. Nostalgique, elle se remémore leurs soirées passées ensemble à se disputer la bouteille de vodka et à danser comme des mongoles. Le bon vieux temps... Shane ne se reconnaissait pas, mais elle n'était rien d'autre qu'elle-même à cette époque. Une lesbienne qui tombait sous le charme d'un garçon. Quelle putain de vie, mes amis.

Une fois calé dans l'ascenseur, Kenzo ferme à nouveau les yeux, lourdement appuyé contre les parois. Les seules choses qui l'empêchent de dormir sont le parfum de Shane et l'espèce de grincement que fait l'ascenseur en montant. Il se laisse bercer par ses deux choses un moment (qui lui parait extrêmement long, mais pas ennuyeux), avant de réouvrir les yeux sur Shane. Presque étonné, mais heureux de la voir, il lui sourit un peu, comme une déchirure étrange dans sa barbe.

Tu m'as manqué, tu sais.

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Shane regarde autour d'elle, soupirait en voyant son reflet dans la glace de l'ascenseur, et évitait forcément de regarder Kenzo. Mais c'est ce qu'elle fait, uniquement parce qu'il a les yeux fermés. Et quand il les rouvre, elle baisse les yeux. Mais elle les relève enfin, et elle voit son sourire, et elle entend sa phrase. Waw. Kenzo lui dit qu'elle lui a manqué. Et aussitôt, elle sent son coeur se briser. Alors elle s'approche de lui et lui embrasse sa joue piquant et mal rasée. Puis elle se blottit contre lui et caresse ses bras du bout de ses doigts. Murmure :

Et brutalement, l'ascenseur s'arrête. Ce moment de tendresse infinie se stoppe en même temps que l'engin puisque Shane se dégage de Kenzo, lui prend la main pour le mener jusqu'à la porte de son appartement provisoire. Rapidement, elle ouvre et ils entrent, sans un bruit.

Alors que Kenzo a l'impression de baigner dans une boite de coton depuis deux minutes, il sent Shane venir se blottir contre lui, et lui faire ce baiser. Complètement engourdi par l'alcool, il ne fait rien, ou alors il baisse simplement la tête, ce qui suffit à lui donner l'impression qu'il l'entoure de ses deux bras et qu'ils resteront comme ça éternellement. Mais la machine s'arrête, ce qui fait fuir Shane alors que Kenzo reste immobile trois secondes de plus pour respirer le parfum de la jeune femme jusqu'au bout. Puis elle l'emmène par la main, et ils arrivent sans encombre à l'appartement. Kenzo entre, s'empêchant presque de respirer pour bien faire comme Shane le lui a dit. Les joues gonflées, il regarde autour de lui, sans même se rendre compte qu'il s'apprête à battre son record d'apnée. Quand l'air lui manque, il se tourne vers Shane, et lui lance un petit regard suppliant, mais surtout... ne pas respirer, ne pas respirer.

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Sur la pointe des pieds, Shane traverse l'appartement, puis se retrouve devant la salle de bain, et se tourne vers Kenzo, qui a les jours d'un hamster. Elle éclate de rire en se cachant la bouche derrière la paume de sa main. Il est con ! x)
Apr

ès quoi elle ouvre la porte de la salle de bain, et lui intime de rentrer, pendant qu'elle, elle va trouver sa chambre. Finalement, peut-être réveillée par le plancher qui craque, Jessie se lève.

Shane ? C'est toi ?

Eh merde... L'androgyne se mord l'intérieur de la joue et va voir son amie pour qu'elle constate que oui, c'est bien elle. Elle prie pour que Kenzo n'est pas la mauvaise idée de sortir de la salle de bain ! Mais la lumière prouve que...

Tu as emmené quelqu'un avec toi ?!

Shane s'apprête à se débrouiller pour que gnagnagna, la lumière soit éteinte, etc. Elle galère. Mmm... Puis Jessie lui attrape le poignet et l'attire vers elle. Nouvelle galère.

Hum, non, reste avec moi...

Sourire gêné. Shane échange quelques baisers hésitants avec Jessie, puis, plus sulfureux, quand la jolie blonde passe ses mains sur sa chemise... Jessie entraîne d'ores et déjà Shane dans sa chambre et cette dernière se dit que ça vaut mieux comme ça, puisque Kenzo est sauvé... x) Ou pas.

Kenzo a finalement retrouvé une certaine respiration, et un sourire idiot en voyant Shane s'empêcher de rire. Puis il se glisse sans bruit dans la salle de bain, invité par la jeune femme, et sans attendre plus longtemps, fait couler le robinet d'eau froide pour y mettre sa tête en dessous. Et il se fiche de la facture, il laisse couler, jusqu'à avoir froid. Puis il frotte ses joues rugueuses, trouve un tube de dentifrice, et se brosse les dents avec son index. Une fois sa petite toilette finie, et les cheveux encore dégoulinant d'eau glacée, Kenzo sort de là.

A peine sorti, il capte des messes basses et reste immobile. C'est comme si le silence et l'obscurité avait fait ressortir les chuchotements et les images. C'était prévisible, s'il avait été plus lucide, il ne serait même pas monté. Imaginant ce qui se passe à quelques mètres de lui, Kenzo éprouve subitement une nouvelle envie de vomir. C'est un milkshake d'émotion au fin fond de son estomac, et qu'il n'arrive même pas à assimiler. Plus lassé qu'autre chose, il tourne les talons et sort doucement de l'appartement, en prenant soin tout d'même de faire claquer la porte. Il envoi chier l'ascenseur d'un coup de pied et s'attaque à descendre les escaliers en s'allumant une autre cigarette.